lundi 23 mai 2011

Plopsaland réinvente le mot "handicap"

Malgré les grosses averses matinales et le vent, nous voilà partis tous les cinq en voiture en direction de Plopsaland.

En route vers de nouvelles aventures avec Megamindi, Plop et Pat le pirate. Les enfants attendaient cette sortie avec impatience et la mauvaise météo n'y pourra rien changer.

A peine arrivés, Simon tente de se rassurer. Il prend son temps pour sortir de la voiture et se répète à voix basse : "Simon, pas peur...Ooooh non, Simon pas peur!"

Pourtant, à la vue de la foule qui attend aux caisses, Simon se paralyse et ne sait plus avancer. Il se colle à moi et avance aux rythme de mes pas, comme si nos corps ne faisaient plus qu'un.

Comme d'habitude, nous nous dirigeons vers l'accueil pour obtenir le pass qui permet à Simon de ne pas faire la file des attractions, files qui lui sont redoutables, son coeur bat la chamade, il est tétanisé par la foule et par le noir.

A l'accueil, une hôtesse qui ne semble pas parler français ou tout au moins, ne pas vouloir, ne pas pouvoir.
Le débat n'étant pas linguistique, je m'exprime en néerlandais.

A ce moment-là bien précis, je bascule dans un monde irréel et surréaliste. Je n'ai plus l'impression d'être en Belgique mais bien dans un autre monde, le monde de la bêtise humaine!
Aussi bien cette hôtesse que son responsable nous expliquent que notre petit trisomique n'est pas considéré comme handicapé.

Sont considérés comme handicapés, les personnes à mobilité réduite, les personnes malvoyantes et les autistes. Pour les autres, l'attestation délivrée d'handicap ne suffit plus. Il leur faut un certificat médical d'un médecin attestant que la personne est incapable de faire la queue.

Se rendent-ils compte de l'énormité de cette aberration? Ils se cachent derrière leur nouveau règlement qui exclut tout autre forme de handicap et n'ont que faire du reste. Ils restent droit, le regard figé au loin, tels de vrais robots. J'ai presque de la peine pour eux!

L'histoire ne s'arrête pas là.

Désormais, les personnes handicapées qui accèdent au parc d'attractions doivent porter un brassard pour qu'ils soient bien reconnaissables.
Fini la petite carte discrète à présenter au début de l'attraction. Il faut que tout le monde puisse les voir et les pointer du doigt.
Je suis scandalisée, c'est de la discrimination et j'ai le sentiment de retourner à l'époque où on distinguait les juifs par une étoile jaune.

J'ai envie de faire demi tour mais je ne peux pas, les enfants ne comprendraient pas. Je décide d'entrer dans ce parc, à contre coeur. Je suis presque soulagée que Simon n'ait pas été reconnu comme handicapé, nous aurons de la sorte échappé au port de ce brassard immonde.
Nous tenterons de trouver un moyen pour rassurer Simon en n'espérant qu'il parvienne à surmonter ses peurs.

Le personnel du parc ne respire pas la joie et la bonne humeur.
Où est donc la magie et la féérie des joies de l'enfance?
Quel dommage d'avoir troqué cette magie au profit d'une lutte linguistique.

Pour Simon, fini les attractions de petit. Il grandit et commence à être amateur de petites montagnes russes.

Quelle ne fût pas ma surprise lorsque sur une attraction, une surveillante avec une stature de militaire, me fusille du regard et me demande sur un ton aussi doux que son air..."Où est le brassard de votre fils?"
Moi, je respire et je tente de garder mon calme, je tente de me surpasser pour mes enfants et très calmement, je lui explique Simon n'y a pas droit.
Elle, elle m'écoute et comme je m'exprime en français, fait semblant de ne pas comprendre.
Je reste assise sur l'attraction, je la fixe d'un regard noir et un sourire sournois, je ne bougerai pas.
Qu'attend-t-elle de moi? Que je descende de l'attraction car mon fils est différent? Je n'en ai que faire, j'ai tout mon temps!
Devant la foule qui s'impatiente, l'attraction démarre enfin, Simon se régale et s'amuse comme un fou...

Pour quelques instants de bonheur volés pour mon fils, je suis vidée de toute mon énergie.
J'ai envie de crier au monde entier toute cette injustice à laquelle nous sommes confrontés jour après jour.

Cette journée qui devait être un moment de détente en famille a été un pur calvaire. Je suis triste pour Simon et pour mes filles qui sont sensibles à ce regard des autres, regard qui fait mal, surtout lorsqu'on a à peine 2 et 6 ans.

Plus jamais, nous n'irons à Plopsaland!

16 commentaires:

  1. Je rentre de camp avec mes élèves de l'enseignement spécialisé. On est allé jeudi à Plopsacoo et on nous a refusé l'accès à plusieurs attractions dont le splash que les jeunes adorent
    Sur certains manèges nous ne pouvions aller qu'avec 1 seul élève et 1 seul prof par tour de manège!!!!!!!!!!!! Je vous laisse imaginer le temps de file que nos élèves ont du faire! 23 élèves fois la durée d'un tour de manège. Parmi les autres personnes présentes au parc, des gens nous ont meme proposé de prendre un de nos jeunes avec eux pour éviter la durée d'attente mais ça n'a servi à rien : nous étions 5, donc on aurait déja pu aller avec 4 en meme temps pendant que le 5e faisait la file avec les autres.
    On a essayé de parlementer mais peine perdue!
    Nous avions réservé depuis des mois et biensur , on ne nous avait rien dit! Quand j'ai payé à la caisse non plus! Ce n'est qu'une demie heure plus tard que les infos nous ont été données pour les interdictions totales et nous avons découvert les restrictions de nombre de personnes à la fois après avoir fait la file!!

    Nous n'avons pas eu de prix réduit par rapport aux autres écoles alors que nos jeunes ne pouvaient pas aller partout et passaient un temps fou à devoir attendre leur tour. Juste droit à un peu plus d'accompagnateurs gratuits

    De plus ils arrivent meme à faire de la discrimination entre nos élèves : un jeune dont le handicap ne se voit pas sur le visage pourrait éventuellement faire les attractions mais un jeune trisomique pas! Car il ne s'agit pas pour eux de retard scolaire mais de handicap, pas pour l'autre jeune.

    Nous avons été scandalisé

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    1. il faut se regrouper entre école ou centre ayant subi des discriminations intolérables à Plopsa. Nous sommes plusieurs et nous devons nous unir afin que ces gens comprennent à quel point ils ont tord et font du tord. Je suis logopède dans l'école spécialisée de Grivegnée(Liège) et je veux bien donner mes coordonnées pour "frapper" plus fort.

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  2. Nous sommes plusieurs a nous plaindre de plopsaland, c'est de la discrimination gratuite!!! C'est scandaleux et pourtant, à part ne plus y aller et leur faire une mauvaise publicité, je ne vois pas ce que nous pouvo,s faire :(
    Il faut privilégier walibi et Disneyland Paris qui sont bien plus acceuillant.

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    1. rendez vous le 8 juillet à Coo pour une action de sensibilisation, plus on sera mieux se sera...

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  3. Avec mes collègues nous avons décidé d'écrire à la presse et au centre d'égalité des chances. Je ne sais pas si ça aura des répercutions mais on veut bouger

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    1. Très bonne initiative ! Nous avons un groupe de 1200 citoyens, derrière nous et avec vous !

      Rejoignez-nous
      https://www.facebook.com/groups/le.droit.d.une.vie/

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  4. Très bonne idée! Si vous avez besoin d'un témoignage supplémentaire, je veux bien me joindre à vous.

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    1. rendez vous le 8 juillet à Coo pour une action de sensibilisation, plus on sera mieux se sera...
      et aussi sur la page facebook boycottons les parcs plopsa
      MARIE EVE CAPRASSE

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  5. Merci je vous recontacte dès qu'on commence les démarches

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  6. voilà le premier article dans la presse régionale
    http://www.lavenir.net/Article/Detail.aspx?articleID=DMF20120605_00166789
    Nous avons aussi contacté le centre d'égalité des chances. Faites le aussi si vous avez l'occasion car ils bougent!

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  7. Et bien voila des gens qui vont se battre avec nous!!
    Voici le lien vers la petition en ligne qui compte deja plus de 800 signatures
    [url=http://www.lapetition.be/en-ligne/Scandale-a-Plopsa-Coo-les-attractions-interdites-aux-enfants-trisomiques-11531.html][img]http://www.lapetition.be/images/btn_signpet_fr.gif[/img][/url]

    n'hesitez pas à partager.
    Sur mon profil facebook vous trouverez les liens vers les nombreux articles de presse.

    Le 27 juin je serai a bruxelles pour une emission en direct sur la première n'hesitez pas à réagir!

    Et cerise sur le gateaux le 8 juillet nous serons à Plopsa Coo pour distribuer des flyers, faire signer la pétition et distribuer des bracelets rouges (symbolique) le tout dans le calme bien sur.
    N'hésitez pas à nous rejindre, plus on est de fous...
    Ah oui j'ai oublié de me présenter; Marie-Eve CAPRASSE maman de justin 14 ans, trisomique refusé à Coo avec sa classe il y a 10 jours er marqué d'un bracelet rouge.

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    1. Si vous avez besoin de témoignage, les élèves de mon école ont été très largement victimes des nombreuses discriminations dont font preuve ces gens qui se disent vendeur de magie. Logopède dans une école spécialisée(je veux bien donné mes coordonnées si besoin)

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  8. je n'y mettrais plus les pieds
    D'ordinaire calme et vous savez a quel point il faut l'etre avec nos enfants, la je pense que je pourrais en venir aux mains!
    Ma fille de 9 ans trisomique adore les attractions dites a sensation! Si jamais il arrivait qu'on lui refuse l'accés et qu'en plus elle doive porter un brassard je pense que je leur ferait manger!
    Je vais suivre le combat evidemment!!! meme si je sais que je n'irais plus!

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  9. Nous ne manquerons pas de le faire savoir au sein de notre groupe de discussion "Le droit d'une vie" Ou vous êtes les bienvenus ! Nous récoltons les différents témoignages,et se dans plusieurs domaines épineux...

    https://www.facebook.com/groups/le.droit.d.une.vie/

    La page d'infos

    https://www.facebook.com/citoyens.belges

    Ensemble, il faut changer les choses !

    Merci à tous pour vos témoignages..

    Sylvie

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    1. bonjour, moi j'ai essayé de contacter l'AWIPH mais sans succès

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  10. Bonjour,
    petit mot juste pour vous encourager.
    Suite à la découverte sur internet et dans les médias des pratiques inacceptables du parc d'attraction cité, j'ai bien gentiment fait comprendre à mes enfants que nous n'y irons plus.
    Ils ont bien compris notre démarche et sont d'accord avec nous.
    C'est la réaction que devrait avoir un nombre importants de parents.
    Les parcs d'attractions gagnent de l'argent grâce aux enfants,mais surtout à leurs parents. Il n'est pas impossible de détourner l'attention de nos enfants vers d'autres centres d'intérêts.
    Que du contraire!
    Déjà les prix sont imposants: entrée, repas, boissons, petits souvenir: c'est un fameux budget.
    Si c'est pour donner mon argent à des gens d'une telle mentalité, je préfère le donner ailleurs.
    J'espère que ma petite intervention incitera beaucoup d'autres parents à faire de même.
    Sophie, une maman de 4 enfants dit "normaux"

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