jeudi 8 janvier 2015

Cadeau de Noël

Lors du dernier bilan de Simon, je suis surprise d'entendre qu'il est trop gâté, que tous les enfants rêveraient d'avoir sa vie.

Sur le moment, je trouve cela choquant car comment pourrait-on affirmer que tous les enfants rêveraient d'être trisomique, quand bien même ce serait au sein de notre foyer? Au delà des bons moments passés ensemble, je ne voudrais pas qu'on puisse occulter toutes les difficultés liées au handicap.

Les secondes, les minutes passent. Je ne veux plus refaire les mêmes erreurs que par le passé. Je veux être désormais dans le dialogue, la construction et le bien-être de mon fils. Et puis, peu importe ce que les gens pensent, je suis encore libre de penser comme bon me semble, l'accès à mes intimes convictions n'étant pas ouvert à tous.

Je prends mon temps pour respirer et surtout réfléchir. Je ne veux pas répondre sous le coup d'une émotion qui me dérange. Je respire et même si mon corps est toujours présent dans la salle de réunion, mon esprit s'évade.

Je dois bien admettre que nous tentons de réaliser chacun de ses rêves et ce, sans jamais rien attendre en retour. Que ce soit au travers des voyages, des activités qu'il fait seul ou en famille, des vêtements, des jeux ou que sais-je encore, tant que je vivrai et que cela sera possible, je n'aurai de cesse de le rendre heureux.

Je dois bien admettre également que les années passent et que fréquemment, je pense au moment où je quitterai ce monde. Qui prendra soin de lui? Qui lui permettra de manger un bon steak-frites avec sa tonne de ketchup ou son plat de pâtes préféré? Qui le laissera jouer à ses jeux vidéos et lui achètera les dernières nouveautés? Qui lui dira "je t'aime" vingt fois par jour? Qui lui le complimentera pour lui donner confiance? Qui, qui, qui?

Il fait bien partie d'une grande tribu, je ne devrais pas m'inquiéter et pourtant,...

L'espace d'une fraction seconde et me voilà de retour dans la salle de réunion.
Je comprends que la tournure de la phrase était certes mal choisie et que l'intention de la remarque était tout autre. Il faut permettre à Simon d'évoluer, qu'il puisse faire ses propres choix et qu'il apprenne à gérer un budget. De toute évidence, l'apprentissage de l'autonomie passe aussi par l'apprentissage de l'argent.

Cet instant de réflexion m'a permis de prendre du recul, de ne pas exploser, de ne pas m'attacher à un mot, à une phrase mais d'être plus dans le dialogue. Je m'épater moi-même, mon Dieu que j'ai changé!

Entendons-nous, je n'ai aucune intention de moins le gâter mais j'accepte le fait d'être leur partenaire, de jouer le jeu et de lui permettre d'avancer, de progresser.

Plusieurs pistes sont évoquées, notamment celle d'offrir un cadeau de Noël à chacun d'entre nous. L'idée me plait énormément, j'adore les cadeaux!

Les jeunes de l'école profiteront d'une sortie au marché de Noël pour chercher leurs petits trésors à mettre sous le sapin.

Vendredi après-midi, Simon est là, il met ses cadeaux un à un sous le sapin. Je meurs d'envie de me jeter dessus, de tout déballer, de lui poser mille et une question sur leur contenu. Je me retiens, il risquerait de me répondre et la magie serait rompue.

Il faut attendre encore quelques jours. Je regarde ces paquets de loin, je m'impatiente.

Ca y est, c'est le jour de Noël, c'est la guerre aux cadeaux. Je déballe le paquet frénétiquement. C'est une écharpe, une belle écharpe en laine, toute douce, de couleur bordeaux, elle est magnifique. Ce n'est pas qu'une simple belle écharpe, c'est mon écharpe, celle que je garderai sur moi toute ma vie durant, même si elle venait à être trouée.

Dans la cohue du déballage de paquets, nos regards se croisent, nos bras s'enlacent, j'écoute son cœur battre, il est content d'avoir suscité cette joie en moi, je suis la plus heureuse des mamans!

Merci aux professeurs pour cette belle initiative!







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