jeudi 27 mars 2014

Dans la cour des grands


Rentré à 5 ans dans l'enseignement spécial, il me semblait que cet enseignement primaire n'avait plus rien à lui apporter.
Ses camarades, à peine âgés de 2 années supplémentaires, se dirigeaient vers d'autres horizons. Certains se dirigeant vers l'internat, les autres vers des établissements secondaires qui ne me séduisent guère.

Les groupes se reformeront l'année prochaine, les nouveaux élèves ont encore tout à apprendre.

J'ai peur que ce renouveau freine Simon dans ses apprentissages.
Il a tant travaillé, il a fourni tant d'effort que je ne veux pas prendre le risque de gâcher cette belle évolution.

Ne suis-je pas égoïste? Ne faudrait-il pas également donner une chance à ces élèves? Que faire?

Je suis prise entre deux feux et propose à Simon de faire un essai dans une école privée. Celle-ci accueille habituellement des jeunes de 12 à 21 ans. Fini la petite enfance, j'entraine Simon dans le monde de l'adolescence.
Je suis ravie de constater que le programme intègre des activités scolaires, sportives, artistiques, culturelles et ce, toujours en respectant le rythme du jeune et le poussant à être le plus autonome possible. le programme est ambitieux et cela me plait.

En visitant l'école, je me mets à rêver et je l'imagine fort bien, assis juste là sur le banc devant moi. Je le vois travailler, je le vois rire, je le vois épanouis. Et si nous tentions de relever le défi?

Les trois jours d'essais sont concluants. Simon se sent tout de suite à l'aise dans cette nouvelle structure. Le rendez-vous est pris, en septembre, il fera sa rentrée dans la cour des grands.

Lundi 2 septembre 2013, c'est le grand jour, nous y sommes.

L'angoisse monte petit à petit. Nous voilà partis pour de nouvelles aventures sur un chemin semé d'inconnues.

Simon a tout juste 11 ans, tout à coup, il me paraît si petit à côté des autres qui me paraissent si grands.

Et si nous attendions qu'il grandisse, qu'il mûrisse?

Son choix en est tout autre et il n'a de cesse de répéter : "Moi, va aller à l'école secondaire!".
Je respecte dès lors son choix et je décide de l'écouter. Qui mieux que lui peut savoir ce dont il a envie...

Le voir partir avec son sac à dos et son plus grand sourire me plonge dans une émotion si forte qu'elle en est indescriptible. Mon bébé grandit!

Va-t'il s'y plaire? Y trouvera-t'il sa place? Va-t'il y apprendre quelque chose?

Pendant toutes ces années où nous nous sommes battus pour que notre fils apprenne à lire, à écrire, à calculer et à se tenir correctement en société, que je craignais de ne pas pouvoir trouver une institution qui puisse continuer ce travail.

Sept mois se sont écoulés et le bilan est plus que positif. Cette école nous a permis de renaître.

Simon se lève tous les matins enchanté de retrouver ses amis, ses professeurs et tous les bénévoles qui l'encadrent. Il évolue de jour en jour. Il prend confiance en lui et s'intéresse aux autres. Il nous surprend tant au niveau de ses apprentissages qu'au niveau social et humain.

Il est la fierté de sa famille qui le voit s'épanouir et s'ouvrir chaque jour davantage.

Et nous, nous avons retrouvé une vraie vie de famille. Fini les courses folles entre la logopède, le professeur privé de lecture, l'ergothérapeute,...Simon, désormais comme tout autre adolescent, peut quand il rentre à la maison s'adonner à ses loisirs et à ses passe temps favoris.

Nous ne sommes pas dupes, nous sommes bien conscients que cette structure souffre et s'essouffle du manque de subventions. Nous en profitons donc en espérant qu'elle subsiste encore de nombreuses années...

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