Cet été, direction les plages de sable fin, le soleil de Mexico.
Malgré une grève des controleurs aériens, des vols annulés, d'autres retardés et un bagage perdu à destination, nous avons décidé que rien ne pourrait gâcher nos vacances en famille.
Dans la file d'attente à l'aéroport, j'observe tous ces voyageurs stressés par tous les changements de ces dernières heures, l'attente est longue. Dans cette file, il y a des jeunes couples, d'autres un peu moins jeunes, l'un ou l'autre bébé et puis, il y a nous.
Nous avec trois enfants qui aiment la vie, qui rient, qui chantent. Pas vraiment turbulents mais plutôt heureux d'être là et de se retrouver en famille pour plus de 10 jours. Trois enfants dont un handicapé, leurs regards en disent long. Ces regards qui vous disent "12 heures de vol à partager avec eux, quel enfer!"
Nous traversons l'allée centrale pour rejoindre nos sièges, on nous déshabille du regard. Je n'ai pas envie d'y prêter attention. Nous nous installons, faisant comme si nous étions seuls à bord.
Soudainement, j'ai peur. Je repense à ces quelques témoignages lus dans la presse quelques mois plus tôt, relatant le fait qu'un pilote n'avait pas accepté de prendre à bord un jeune trisomique, le forçant à descendre de son appareil. Les parents, choqués, avaient dû subir cette humiliation en public, trouver une solution et surtout, puiser dans leur réserve de courage pour porter plainte.
Et si ces regards posés sur moi voulaient m'avertir que je subirais le même sort que cette famille. J'ai chaud, j'ai froid, je suis mal assise, je ne sais plus comment me mettre...pourvu que ce fichu appareil décolle!
L'hotesse se dirige vers nous, elle semble sereine et s'adresse à moi avec son plus beau sourire. En une fraction de seconde, je me suis littéralement liquéfiée. Impossible de comprendre le moindre mot d'anglais, je ne suis plus que l'ombre de moi-même, je suis déjà ailleurs.
Mon mari me regarde d'un air étonné et me rassure : "Ne t'inquiète pas, elle voulait juste vérifier que les enfants avaient bien bouclé leurs ceintures de sécurité".
Zen, restons zen, je vais finir au prozac!
Le vol se déroule à merveille, comme à chaque fois. Les enfants s'occupent, regardent un film ou écoutent de la musique. Peu à peu ces regards inquiets se transforment, ils en deviennt presque charmants.
Voilà 24 heures que nous avons quitté le sol de la Belgique, nous sommes enfin arrivés, quelle joie!
Quelle joie de trouver un endroit où la différence ne fait pas peur. J'ai l'impression d'être une star. Quelques heures de décalage et nous voilà propulsés dans un monde où on nous sourit, où on nous tend les bras, où on nous félicite sans cesse sur la beauté de cette différence, sur l'émotion dégagée par Simon et ses soeurs.
Par moments, j'aimerais rester seule, lire plus d'une page de mon livre sans être interrompue par : "Oh, He is so beautifull" ; "Congratulations! Your family is so cute!" Tout cela est nouveau pour moi, je n'y suis pas habituée. Je me resaissis et m'empreigne de toute cette énergie positive, je fais le plein pour les années à venir.
Amélie y est pour beaucoup. Je l'observe, je souris. J'ai une mini moi en face de moi. Pas question de laisser son frère à la traine. Elle s'occupe de lui et l'entraine dans ses jeux de manière toute naturelle. Ce n'est pas son rôle et pourtant, elle le fait avec tellement de plaisir que je ne peux pas la freiner dans cet élan.
Même si cette effusion d'amour me touche en plein coeur, j'aimerais que Simon vole vraiment de ses propres ailes et tant qu'Amélie respirera à sa place, on ne pourra pas avancer...Je laisse faire. Je préfère qu'ils partagent de vrais moments de complicité qui resteront gravés dans leur mémoire plutôt que de me remettre à le stimuler. Ce sont les vacances pour moi aussi.
Dans l'hotel, d'autres personnes handicapées sont là. Spontanément et sans effort particulier, ils participent aux différentes animations. L'intégration des vacanciers se passe à merveille et tout le monde trouve cela normal. J'ai les yeux qui brillent et c'est mon étonnement qui surprend.
A table, j'aperçois un jeune handicapé qui se dandinne, sa tête bascule de manière répétitive. Mon regard se pose sur lui un instant, pourvu que sa tête ne tombe pas dans l'assiette. Je souris de manière complice et sa mère me rend mon sourire. Même si notre quotidien n'est pas identique, nous traversons les mêmes épreuves, nous le savons, pas besoin de longs discours. Egoïstement, je me dis que j'ai beaucoup de chance d'avoir un jeune qui n'est que trisomique finalement.
Simon n'est toujours pas à l'aise dans les restaurants et lorsqu'il passe à côté de son acolyte, il lui sourit, ils se comprennent.
Lors des excursions, Simon est de plus en plus présent et demande à participer de manière autonome aux différentes activités. Au programme nage avec les dauphins, descente en tyrolienne,... Seules les chauves-souris ont réussi à lui faire renoncer à une descente dans une grotte.
Je nous revois dans le bateau nous menant au large pour observer la beauté du monde marin. L'animateur propose à chaque touriste de boire une gorgée de tequila à la santé de Mexico, ce que nous acceptons avec grand plaisir. Photo et piège à touriste obligent...Les enfants quant à eux, ont le droit de prendre la bouteille en main, de la brandir haut et fort en criant "Viva Mexico!"
Il s'en est fallu de peu pour que Simon n'honore le Mexique. Il porte la bouteille à sa bouche et s'arrête juste à temps lorsque d'une seule et même voix, les touristent crient "Nooooooon!"
Simon se met alors à rire aux éclats et me dit "C'est une blague maman!"
Merci le Mexique pour cet accueil si chaleureux, merci pour ces belles vacances!
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