Alors que les questions s'enchainent et que le comportement de Simon ne s'améliore pas, les périodes de doutes et d'angoisses se multiplient.
J'ai changé d'attitude. Je tente de rester plus calme pour ne pas le stresser davantage.
Cet après-midi, je vais rechercher Simon à la plaine de jeux. Je l'aperçois par la fenêtre, je ne suis pas conquise mais cela a l'air de plus ou moins bien se passer.
J'entre dans le local et demande à l'animatrice comment s'est passé la journée. Elle me répond "tout s'est bien passé" et avec un sourire niais, poursuit "oui, enfin si on peut dire que tout s'est bien passé"
Vu son âge, déjà elle m'exaspère! Elle me dit que Simon a renversé une bouteille d'eau sur la table et que malgré les nombreux passages aux toilettes, Simon a encore eu un accident.
Je pars très vite de cet endroit car folle de rage, j'ai envie de tout casser, j'ai peur de ne plus savoir me contrôler.
Arrivés à la maison, je ne crie pas, je ne le sermonne pas. Pour Simon, cette attitude est insurmontable. Je pense qu'il préfèrerait que je hurle, il y aurait de la sorte un semblant de dialogue.
Je tente d'en savoir plus auprès d'Amélie qui d'ordinaire ne dit pas grand chose sur sa journée. Je veux savoir si ces animateurs sont à la hauteur.
Et là, le choc, la nouvelle qui nous tranche le coeur et qui nous coupe le souffle.
Amélie nous avoue qu'un de ses copains, sale gosse qui fréquente son école, lui a donné trois coups dans le ventre alors que Simon était à terre. L'animatrice a grondé l'enfant expliquant qu'on ne pouvait pas faire de mal à Simon qui est handicapé.
C'est la première fois que le mot "handicapé" sort de la bouche de ma fille, deuxième choc. Ce n'est plus son frère, c'est l'handicapé qu'il faut protéger!
Je ne sais plus quoi faire...Laisser Simon se faire sa place et qu'il apprenne à se défendre, au risque de le voir se retrancher à jamais ou le confier à quelqu'un d'autre pour le protéger. Ce n'est pas juste! C'est ce sale gosse qui devrait partir, c'est à lui qu'il faudrait interdire l'accès de cette plaine.
Et dire que lui, il va rentrer, se faire cajoler par ses parents tandis que Simon ne passera sans doute pas une bonne nuit.
Je n'irais sans doute pas au Paradis, mais croyez-moi, même si mes propos ne sont pas dignes d'être écrits, je n'en pense pas moins...
Bonjour genille maman blessée. Réflexion de maman à maman, en toute bienveillance : et si c'était chouette qu'Amélie puisse dire que son frère est handicapé ? Sa maman a mis des années avant de savoir le dire. Elle ne dit pas ce mot de manière péjorative. Mon père s'est suicidé il y a 3 ans, je suis aussi une bête curieuse pour certains amis. Mes deux aînés de 7 et 5 ans savent que leur grand-père s'est suicidé et n'est pas mort de mort naturelle. Ca fait un secret de famille en moins. Et eux en parlent avec naturel. Je me dis que ce n'est pas plus mal. Moi aussi je voudrais que tout le monde ne soit que bienveillant et que mes enfants n'aient que le beau côté de la vie. Mais comme le dit si bien mon psy, ça ne va pas être possible et je dois faire mon deuil de ça. Et mes enfants se renforceront grâce aux épreuves de la vie, dès leur plus jeune âge... Bon courage !
RépondreSupprimerMerci pour ce message. C'est une attention qui me va droit au coeur et qui me force à réfléchir. Merci Merci Merci. Et courage à vous aussi!
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