dimanche 25 juillet 2010

Le malade imaginaire

Simon a fait ses premiers pas à l'âge de 18 mois et pourtant, la marche ne fait pas partie de ses activités préférées, que du contraire.

Lors de notre visite de la carrière d'ocre à Roussillon, Simon multiplie les prétextes et les astuces pour ne pas devoir marcher. Tantôt il dérobe la place de sa petite soeur dans la poussette, tantôt il use de son charme pour que papa le porte sur ses épaules.

Je ne suis pas dupe. Simon a 8 ans et je tiens à ce qu'il apprenne à marcher tout au long de la promenade, même s'il fait chaud, même s'il est fatigué. Sa soeur aussi a chaud et ses petites jambes ont également beaucoup de mal à avancer.

Je l'encourage à marcher. C'est qui le champion? Il s'empresse de répondre "C'est Simon". Alors marche mon grand, allez, c'est toi le champion!

Il se lève, fait quelques pas et s'empresse de se rassoir par terre. Je l'encourage encore mais la ruse ne fonctionne plus. Il me dit qu'il a mal. Et tu as mal où? Aux pieds me répond-t-il. Le voyou, voilà qu'il joue au malade imaginaire pour ne pas devoir marcher.

Il est presque 12 heures, le pic de chaleur est atteint, je cède et lui permet d'être porté par son père. Il faut rejoindre la prochaine fontaine pour se raffraîchir un peu.

Il a gagné, sur les épaules de son père, il est fier, il affiche un large sourire. Sa soeur boude et ne comprend pas pourquoi elle doit marcher. Pour elle, c'est une injustice, une défaite. Elle non plus n'est pas convaincue par ce soudain mal de pieds.

Arrivés dans la chambre, nos vêtements et nos pieds remplis d'ocre, la douche s'impose. J'aide Simon. Non pas qu'il ne puisse pas le faire tout seul mais je suis impatiente de faire un saut dans la piscine.

Je regarde mon malade imaginaire et suis bien obligée de constater qu'une fois encore, je n'ai pas su lui faire confiance. Pas si malade imaginaire que ça! Deux belles cloches ouvertes sur ses talons et un énorme bleu sous son gros orteil. Ses pieds ont dû le faire souffir le martyre et malgré cela, il aura marché pendant plus de la moitié de la promenade.

Je m'en veux, je me sens coupable, je n'ai pas su l'écouter, je n'ai pas su lui faire confiance, je n'ai pas su l'aimer...

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