Longtemps, j'ai fait l'erreur de comparer mon fils aux autres. Le résultat a été sans appel.
Avoir un enfant différent n'est pas évident. Mais avoir un enfant différent par rapport aux autres enfants différents, c'est tout simplement ingérable psychologiquement.
J'ai toujours voulu que Simon soit le meilleur des enfants trisomiques. J'étais à l'écoute du moindre conseil qui aurait pu être bénéfique pour son développement. Sans trop y réfléchir, j'ai toujours foncé. Il fallait essayer, je ne voulais pas avoir de regret et être certaine que j'avais mis tout en œuvre pour réussir à le rendre le plus autonome possible.
Tu vois, lui, il mange! Pourquoi ne manges-tu pas?
Tu vois, lui, il parle! Pourquoi ne parles-tu pas?
Tu vois, lui, il colorie! Pourquoi ne colories-tu pas?
Je considérais cela comme un échec personnel et les crises de larmes s'enchaînaient. J'étais en colère et désemparée, ne comprenant pas ce que j'avais bien pu faire ou ne pas faire pour qu'il n'y arrive pas.
Vas-y, bats toi! Essaye! Essaye encore, tu vas y arriver! Je lui ai mis une telle pression qu'il a certes progresser mais pas à son rythme et ses acquis n'étaient pas de réels acquis.
C'était une gigantesque erreur, j'ai tout juste réussi à le freiner dans son apprentissage. Dommage que je m'en sois pas aperçue plus tôt!
J'ai compris cela avec l'arrivée de ma 3ème puce. Ils sont trois et je n'ai que deux mains. Par la force des choses, j'ai été obligée de relâcher ma garde, de le responsabiliser. Je n'étais plus sans cesse derrière son dos à lui demander de répéter des mots, à lui demander s'il devait aller aux toilettes,... Plus le temps non plus de le comparer aux autres.
C'est réellement à ce moment bien précis que Simon s'est ouvert aux autres, il s'est épanoui. Son entourage ne manquait pas de me le faire remarquer. C'était évident, il avait changé!
Je me surprends encore, c'est inévitable, à observer les autres. C'est dans ma nature, je n'y peux rien. J'écoute et je mets l'information de côté, pour plus tard, elle pourrait servir. Je ne fonce plus tête baissée. Chacun son mode de fonctionnement, Simon a le sien et cela fonctionne. Il va à l'école, il a ses activités sportives et sa rééducation. Rien ne sert de trop vouloir en faire.
Je m'aperçois que les crises de larmes se font plus rares et que je profite pleinement des instants partagés avec les autres parents d'enfants différents. On discute, on échange et suis ravie de voir leurs progrès.
Longtemps, je m'en suis voulue parce que Théo ne parlait pas. Je me disais que c'était de ma faute, que je faisais pas ce qu"il fallait, que les autress enfants trisomiques parlaient...Jusqu'à ce que je me rende compte qu'il faisait tellement d'autres choses et que contrarement à ce que je pensais il est loin d'être le seul enfant trisomique qui s'exprime peu verbalement. Depuis, il dit quelques mots et quitte très rarement son magnifique sourire !
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