Je fais partie d'une famille catholique même si certains d'entre eux ne sont pas vraiment très pratiquants.
Alors lorsque l'annonce de la trisomie 21 arrive avec l'effet d'une bombe, il me faut un coupable, un défouloir. Ayant accordé le bénéfice du doute au gynécologue, je pris en grippe le Bon Dieu.
Que lui avais-je fait pour mériter cela?
M'avait-il oublier?
J'étais en colère contre LUI, j'ai enlevé tous les signes religieux qui se trouvaient à l'intérieur de la maison et décidé de ne plus rentrer dans une église.
Avec l'acceptation du handicap, la vie a retrouvé son cours, les petites croix sont retournées dans les chambres et ma colère s'est atténuée me rendant à l'église de manière occasionnelle.
A l'école, Simon suit un cours de religion, à son niveau bien entendu.
Que sait-il? Que comprend-t-il?
J'essaye de lui raconter des petites histoires mais il me semble qu'il n'y porte pas grand intérêt.
Régulièrement, le mercredi après-midi après sa séance de logopédie, je me dirige vers l'église avec Simon.
Lorsqu'il voit la bâtisse, il est tout content et s'exclame "château, château". Non, Simon, ce n'est pas un château, c'est une église. La réponse est claire : "Non, pas église, château".
Je le force à rentrer mais comme à chaque fois, il reste figé. Il plie le buste, regard baissé, se raidit comme de la pierre, il ne sait plus marcher. Il a peur, l'endroit est trop grand, trop impressionnant.
J'ai tenté de l'emmener dans une chapelle, le résultat est identique.
Je veux lui montrer la statue de Marie avec l'enfant Jésus, il ne veut rien entendre.
Je tente de l'amuser et lui propose d'allumer une bougie et de faire une prière, en vain.
Ajouté à tout cela, il me faut faire attention qu'il n'y ait pas de paroissien à l'intérieur, sans quoi l'attitude de Simon dérange. Les regards qui me sont lancés en disent long, je me fonds alors en excuses et m'en retourne à mon quotidien.
Et lorsque nous participons à une messe, j'oblige Simon à nous accompagner mais bien souvent, il nous faut repartir quelques instants plus tard par crainte de déranger l'office.
Par moments, je me demande si le fait d'avoir été en colère contre Dieu à la naissance de Simon puisse jouer un rôle sur son comportement.
Je ne désespère pas. Un jour peut-être voudra-t-il bien passer le seuil de la porte sans être tétanisé.
"Laissez venir à moi les petits enfants". Celui qui est dérangé par Simon pendant la messe devrait peut être se demander si il a compris le message de l'Evangile.
RépondreSupprimerTu devrais venir à la messe Emmanuel, l'église est pleine d'enfants porteurs de handicaps divers et c'est une messe magnifique.