jeudi 4 février 2010

Papa, maman...et moi!

Je me surprends souvent à penser à toutes les étapes que nous avons franchies et toutes celles à venir. Quel chemin parcouru en 7 ans!

Après l'annonce de la trisomie 21, je ne voulais plus entendre parler de maternité. Je voulais me consacrer à Simon, rien qu'à Simon. Ma décision était prise. J'ai pris rendez-vous chez la gynécologue. Je voulais subir une intervention pour ne plus jamais revivre ce que j'étais entrain de vivre. Une intervention irréversible.
Je la revois encore assise en face de moi, l'air sévère, se demandant réellement à qui elle avait à faire. Je ne saurai jamais si ces propos étaient juridiquement corrects mais je remercie le ciel de les avoir entendus. Elle a refusé catégoriquement l'intervention prétextant qu'il fallait avoir minimum 30 ans, avoir 3 enfants et avoir l'accord écrit de mon mari. Sur le moment, je me suis sentie humiliée et vexée, comme si mon corps ne m'appartenait plus, j'étais devenue la chose de mon mari.
Pour ceux qui me connaissent déjà, pas besoin de vous expliquer oh combien je lui en ai voulu. Il a pas compris, il n'avait rien dit, il voulait juste que je me sente mieux mais en secret, il était soulagé que la gynécologue ait su éviter le pire.

Ensuite est arrivé la généticienne. Il fallait déterminer si cette trisomie 21 était accidentelle ou héréditaire. Rencontre avec une parfaite inconnue qui reprend notre parcours depuis le début. A cette époque, on avait l'impression de répéter et encore répéter la même chose...à quoi bon?
Nous avons fait les tests demandés et il nous a fallu attendre une semaine pour avoir les résultats. Cette semaine a été une des plus longues que nous ayons eu à vivre pour l'instant.
Au bout d'une semaine, un courrier nous parvient avec le résultat de mon mari...RAS (rien à signaler)! Et moi, où sont mes résultats? Mon mari appelle le laboratoire pour avoir davantage de renseignements. Je n'ose pas le faire, j'ai trop peur d'entendre ce que je n'ai pas envie d'entendre. Oh malheur, on lui dit que dans mon cas, ils ne peuvent pas donner d'informations par téléphone, je dois me rendre chez la généticienne. Affolée, je pleure, je hurle et je pleure. Je me suis mise en tête que cette trisomie 21 était héréditaire et que par ma faute, cet enfant est handicapé à vie. Par ma faute, il est différent. Par ma faute, il est malheureux. Je ne peux plus me regarder dans un miroir, je ne peux plus le regarder dans les yeux. Je décide de partir et de faire mes valises.
Lui, égal à lui-même, il me connaît. Il sait qu'après l'orage vient le beau temps. Il me laisse pleurer, il me laisse faire mes valises, il sait que je vais me calmer.
Pour la petite histoire, le lendemain, mes beaux-parents sont venus nous rendre visite à la maison. Claudine souhaite aller voir Simon qui dort dans sa chambre, j'essaye de l'en empêcher, elle ne comprend pas et décide tout de même de monter. Elle ne sait pas mais moi, je sais! La chambre de Simon et tout juste à côté de la mienne et dans la mienne, il y a encore mes valises ouvertes avec tout mon linge pas vraiment bien rangé. Elle n'a pas pu faire autrement que de voir le désastre. A-t-elle compris? Elle est descendue très calmement et s'en est allée très discrètement.

Tout cela pour vous dire qu'avec l'arrivée d'un enfant dans un couple, on doit faire face à certains jours de pluie. Moi, j'ai l'impression d'avoir eu à traverser des tempêtes, des ouragans, des tsunamis. A force de patience, d'écoute et de beaucoup d'amour, nous sommes toujours là, tous les deux!

Ensuite, est venu le temps de s'occuper de nous. Il fallait que le mot "nous" ait encore un sens. Nous avons décidé de ressortir en amoureux.
Dans un premier temps, nous avons énormément sollicité mamie et nonno.
Par la suite, nous avons fait appel à une babysitteur pour plus de facilités. Elles ont été plusieurs à défiler. L'important n'était pas qu'elle nous plaise mais qu'elle LUI plaise. Avec certaines, le courant est passé tout de suite tandis qu'avec d'autres, Simon préférait aller se coucher directement.
On a pris le parti de ne jamais (ou très rarement) dévoiler la trisomie par téléphone, on ne voulait pas les effrayer. A nos yeux, Simon n'est pas différent. Il mange, il regarde la télévision et ensuite, au dodo. Pas besoin d'en faire tout un drame.
Et puis, Julie est arrivée. Lorsqu'on me recommande Julie, on me dit qu'elle aussi est différente. Je n'ai pas osé décliner, je me devais de lui donner sa chance. Et quelle chance! Julie a un "petit" souci au niveau de la motricité d'un de ses bras. A peine arrivée, Amélie lui demande ce qu'elle a au bras. Elle lui répond spontanément et très brièvement. Le courant passe.
Lorsque Julie arrive à la maison, je dois insister pour que Simon me fasse un bisou. De loin, il me dit "Salut". Il est bien avec elle et c'est un vrai soulagement pour nous. On peut profiter d'une jolie soirée sans se faire de souci car maintenant, Julie est là!

Plus besoin de prendre rendez-vous pour se parler, on a nos moments en famille mais aussi nos moments à deux. Moments qui nous permettent de nous recentrer et de penser à nous, à l'avenir.

Je me souviens encore de ce que nous a dit Docteur Defort, il nous a dit que la recette miracle d'un mariage éternel était de parler et parler encore, ne jamais laisser le silence s'installer. Il avait raison!

1 commentaire:

  1. J'aime beaucoup ta simplicité, les mots sont beaux et vrais. Et quel plaisir de retrouver chaque soir son petit moment d'émotion.

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