A tous ceux qui partagent mon quotidien, à tous ceux à qui je n'ai pas osé dire les choses. A toi, ma Principessa Rosa, qui l'aimait tant et qui le protège de là-haut. A tous ceux qui pensent que la vie avec un enfant différent n'est pas possible.
jeudi 18 février 2010
Faites du bruit!
Il est 6 heures, je prends ma douche et m'apprête à commencer ma journée. Je suis fatiguée, j'ai la tête qui tourne, j'aimerais tant aller me recoucher. Je ne peux pas. Je mets un pied devant l'autre et m'assois à table pour savourer mon café pendant que les lieux sont encore calmes.
Pas le temps d'avaler ma première gorgée qu'Amélie arrive, déjà toute débordante d'énergie. Elle parle, elle parle, elle me questionne, attend une réponse, chante, danse, elle ne tient pas en place.
J'aimerais tant qu'elle se taise juste un instant, le temps de me réveiller. Ce serait comme lui demander l'impossible.
J'en ai une qui n'arrête pas de parler et un autre, au contraire, que j'aimerais tant entendre parler. Je les regarde et je soupire.
Je monte en voiture. Une heure de trajet, une heure durant laquelle je suis au calme. Une heure durant laquelle je peux me laisser aller à la rêverie et aux réflexions.
Tout à coup, je me mets à penser aux catastrophes naturelles. Combien de personnes sont mortes, ont perdu leur logement, leur histoire.
Combien d'enfants sont morts d'un cancer, combien de jeunes ont perdu la vie beaucoup trop tôt dans un accident de train ou de voiture, sans avoir pu profiter vraiment de la vie.
Et moi, je suis là, à me morfondre sur mon sort. Je me demande si Simon pourra parler correctement un jour, s'il sera suffisamment autonome que pour vivre seul,...
Suis-je bête à ce point pour ne pas me rendre compte l'énorme chance que j'aie d'avoir des enfants en vie, d'avoir un toit, une famille, une tribu, des amis,...
Je me rends compte que même si les soucis du quotidien sont plus ou moins lourds à porter, que même si je ne peux pas porter toute la misère du monde sur mes épaules, ce n'est rien en comparaison avec tout ce réel malheur qui nous entoure.
J'entends encore ma cousine Isabelle me dire à la naissance de Simon ; "Rossana, tu as la chance d'avoir un enfant trisomique 21, c'est le plus bel handicap au monde". A ce moment-là, je ne mesurais pas le poids de ces paroles. Aujourd'hui, j'ai compris et admets qu'elle avait raison. Son cœur bat, c'est ce qui prime sur tout le reste.
J'ai hâte d'être à ce soir pour les retrouver et les étreindre, je ne me plaindrai plus du bruit. Qu'ils fassent du bruit, c'est le signe de la vie.
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