Souvent je repense à ce premier Noël passés ensemble, rien que tous les trois.
Et pourtant, rien ne laissait présager ce magnifique Noël.
Quelques jours auparavant, je suis inquiète. Simon a six mois. Il est fiévreux, la fièvre ne tombe pas. J'appelle la pédiatre, j'insiste pour obtenir un rendez-vous. Il semble accablé mais rien d'inquiétant. Je rentre à la maison avec la panoplie du refroidissement pour enfants : aérosols et soin nasal.
Son état se dégrade d'heure en heure. Il dort énormément et sa température fleurte avec les 39,5. La pédiatre me conseille de lui prendre un bain et de ne pas trop le couvrir. Cela fonctionne mais juste pour un temps. Je ne maîtrise plus la situation, la pédiatre me conseille d'apporter mon bébé aux urgences. Je suis en panique car je sais que je ne rentrai pas ce soir avec mon fils.
Son état est tellement inquiétant, qu'à peine arrivés aux urgences, on me l'arrache des bras. L'auscultation révèle une pneumonie. Direction le service de radiographie pour confirmer le diagnostic. Simon est dans mes bras, presque amorphe, je crains pour sa vie, je retiens mes larmes, je me veux forte pour mon fils. Mais je ne suis pas forte. Je me souviens de ces deux infirmières. La première a pris Simon pour l'examen, l'autre m'a serrée dans ses bras pour que je puisse pleurer et vider mon âme de toute mauvaise pensée.
Simon a une pneumonie. Il est si petit et si frêle. Ai-je été imprudente? Est-ce de ma faute si mon ange est malade? J'aimerais tant pouvoir me substituer à lui et l'arracher de tous ses maux.
Tour à tour, plusieurs pédiatres et infirmières tentent de le perfuser. Impossible, ses veines sont bien trop étroites. Simon hurle, il change de couleur et mon coeur chavire. Je n'ai plus le droit de rester avec lui, je dois attendre dehors. L'entendre souffrir et ne pas pouvoir lui venir en aide est tout simplement atroce, insoutenable, inhumain.
Toutes les tentatives échouent. Il faut trouver une autre solution. A la place de la perfusion, mon bébé aura droit à deux injections d'antibiotiques de "cheval", comme ils disent, par jour. Le matin dans une fesse, le soir dans l'autre.
Il est attaché de partout, il a des capteurs aux pieds pour mesurer sa saturation en oxygène. Afin que cette saturation avoisine les 100 %, Simon est couché bien sagement sur le dos. Sur sa tête, une bulle, qui lui procure de l'oxygène. Il ressemble à un cosmonaute.
Le moniteur s'emballe, l'alarme se déclenche. Aussitôt une infirmière se précipite dans la chambre. Elle examine Simon, elle ne comprend pas. Sa saturation est tellement basse qu'il devrait avoir les lèvres et le bout des doigts bleus. Il ne devrait plus être parmi les vivants. Ses orteils sont boudinés, peut-être que les capteurs ne sont pas bien en place. On change le moniteur et les capteurs, toujours le même résultat: bip bip bip.
Je me souviens de mon père qui était venu lui donner un peu d'amour dans cette chambre si froide. Il sentait que Simon était sur la voix de la guérison. Il n'avait que faire de ce fichu moniteur. Il aimait prendre Simon sur ses genoux. Il comptait en italien jusqu'à tois : uno, duo e....tre! Et à "tre", Simon donnait une petite impulsion sur ses jambes et tentait de se redresser. Mon père en était fier, c'était la preuve que Simon allait mieux. Pour d'autres, l'exercice semblait tout simplement périlleux et dangereux. Il n'en demeurait pas moins que Simon en redemandait.
L'état de Simon s'améliorait mais pas assez pour nous permettre de quitter la clinique. Je suis anéantie à l'idée de passer mon premier Noël avec mon Simon dans cette chambre. A la vue de mon regard qui en dit long, la pédiatre autorise notre sortie à condition de pouvoir garantir à Simon deux séances de kiné respiratoire quotidiennes.
Selon elle, à la veille de Noël, c'est mission impossible. Elle ne sait pas encore à qui elle a à faire. Je fais appel à l'équipe et en moins d'une demie heure, ma soeur trouvera notre sauveur.
Ce premier Noël, je le veux festif et joyeux. Il faut que ce moment reste gravé à tout jamais dans nos coeurs. On a sorti nos habits de lumière, dressé une jolie table avec des bougies. On a mangé, on a dansé, on a chanté.
Nous n'oublierons jamais ce premier Noël avec toi, mon amour...C'était tout juste magnifique!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire