lundi 5 avril 2010

Un poisson nommé Simon

Je me souviens de ce voyage à Lanzarote. Je suis au bord de la piscine, mon ventre est rond et alors que je profite du soleil, je caresse mon ventre tendrement.

J'aime regarder tout autour de moi et d'une oreille indiscrète, écouter les conversations voisines.

J'aperçois une maman avec son enfant qui marche à peine. Afin d'éviter l'irréparable, ce petit bout est attaché par une sorte de laisse, similable à celle d'un chien. Même si je peux comprendre l'angoisse de cette maman, la scène me choque. A mon sens, l'enfant ne prend pas conscience du danger. Qu'adviendra-t-il lorsque par inadvertance ou par oubli, cet enfant ne sera pas retenu par ce lien?

Je me fais une promesse, mon enfant apprendra à nager le plus rapidement possible.

En effet, à la naissance de Simon, j'interroge immédiatement la pédiatre sur la question de la fréquentation d'un nourrisson à la piscine. Celle-ci me répond que dans un premier temps, la baignoire peut faire office de piscine, pour le reste, il faudra attendre qu'il reçoive ses premiers vaccins.

Simon a 3 mois, je recherche un professeur pour mon fils. Je ne veux pas d'un cours collectif. Je ne veux pas me faire remarquer et pointer sa différence. Je sais que la coordination de ses mouvements n'est pas évidente et qu'il lui faudra du temps, beaucoup de temps pour obtenir des résultats.

J'en parle à une collègue qui m'informe que sa soeur donne des cours de natation à des enfants et le fait que Simon soit trisomique ne lui pose pas de problème.

La première recontre se déroule à merveille. Elle est stricte, rigide mais débordante d'amour. Je sens que je peux lui faire confiance.

Les séances s'enchaînent, pas d'évolution. On ne baisse pas les bras, on continue. Elle est volontaire et déterminée. Elle n'a pas peur du temps, elle sait qu'elle obtiendra des résultats.

Au bout d'une année, je suis démotivée. Rien ne se passe. Cela nous coûte en temps et en argent, Simon flotte à peine, pas de mouvement de jambes, pas de mouvements de bras. J'ai envie de tout arrêter, mon mari, lui, souhaite continuer. Il fait confiance à son fils, il sait qu'il va y arriver. Alors, on continue...

Le temps passe, les séances se poursuivent et un samedi, sans prévenir, enfin le déclic tant attendu. Il est enfin prêt pour le brevet de survie.

Simon est tout habillé. Il devrait pouvoir sauter dans l'eau, se mettre directement sur le dos et nager deux longueurs. Simon n'est pas de très bonne humeur, il aimerait enlever sa veste et ses grosses chaussures. Il a chaud et ne comprend pas très bien ce qui se passe.

Simon refuse de sauter dans l'eau. Pour être honnêtre, je m'y attendais. Je me cache derrière la caméra, j'ai peur pour lui, ce brevet m'angoisse.

A chaque problème, sa solution. Simon est lancé de force dans l'eau, il touche le fond. Je ne le vois plus, j'attends qu'il remonte à la surface. Les secondes me paraissent des heures. Ma respiration se bloque, Simon ne remonte toujours pas. Je suis prête à sauter pour aller le repêcher, je frôle l'arrêt cardiaque. Mais pourquoi sa monitrice est-elle si calme? Elle compte les secondes tranquillement. Mais vas-y saute!!!

Cette attente interminable n'aura duré que quelques secondes et pourtant, cela m'aura semblé affreusement long. Il remonte enfin et se met sur le dos. Bravo champion, vas-y, montre-lui de quoi tu es capable, tu vas l'avoir ce brevet.

Ce brevet, il l'obtiendra et j'en suis vraiment fière. Simon, quant à lui, est heureux que l'exercice soit terminé. Il n'est pas encore à l'aise dans l'eau.

Le brevet en poche, les séances continuent. Pas question de s'arrêter en si bon chemin.

Ete 2006, nous avons loué une villa avec piscine. Simon a 4 ans, il joue au bord de la piscine. Pas de brassarts, pas de bouées. Je le surveille à distance, je préssensl'accident et j'aimerais savoir si ces cours servent à quelque chose. Il tend le bras pour attraper son jouet et ce qui devait arriver, arriva. Il culbute dans l'eau, mon mari est prêt à sauter, je le retiens et je compte...un, deux, trois, quattre,...Simon remonte à la surface, il cherche la lumière et se met sur son dos. Tandis que mon fils pleure, moi, je fais des bonds de joie. Pas besoin de laisse, mon fils se débrouille tout seul!

Ete 2009, autre grand tournant. Nous sommes en Grèce,au bord de la piscine, sagement allongés sur des transats. Simon aperçoit des enfants qui sautent du grand plongeoir. Il es observe, agitant rapidement ses bras, comme s'il allait prendre son envol. Il est tiraillé entre la peur de sauter et l'envie de s'amuser. Et puis, en une fraction de seconde, hop, il saute et nage jusqu'au rebord. Il recommance encore et encore. C'est un grand changement, il nage mais surtout il s'amuse! Ce n'est plus seulement une thérapie, cela est enfin devenu un moyen de s'amuser.

Simon poursuit ses cours de natation avec sa soeur. Il ne raterait ses séances pour rien au monde!

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