C’est l’heure du coucher. Les enfants sont épuisés mais leurs paupières restent grandes ouvertes. Il y a encore bien trop de bruit dans les couloirs.
Papa raconte une belle histoire. Cela ne suffit pas. On les câline, on les cajole, trop d’excitation et d’agitation aujourd’hui, même la poussière de fée n’y pourra rien.
Simon décide alors de raconter lui-même une histoire. Il prend le livre et au fil des pages, il raconte une histoire, son histoire. La plupart des mots sont inintelligibles, c’est sans doute la fatigue. Il rigole aux éclats, je suppose donc que son histoire est drôle.
Amélie n’est pas contente, elle ne comprend rien. Elle lui arrache le livre des mains et propose de raconter sa version de l’histoire. Simon accepte aisément et s’amuse à répéter les mots qu’elle utilise.
C’est alors que je me dis que le rendez-vous pris avec Morphée risque d’être manqué.
Pendant qu’ils tentent de trouver le sommeil, je me perds dans mes pensées. J’analyse les derniers jours passés, je m’aperçois que Simon ne fait presque aucun effort pour se faire comprendre verbalement. Tantôt il montre du doigt, tantôt il gémit. Je suis la première surprise de ce comportement, au vue des énormes progrès du trimestre dernier. Peut-être n’est-il pas encore assez confiant que pour oser s’exprimer verbalement en public ?
Dès que nous sommes en vacances, il perd ses repères, il ne reconnaît plus les règles, il est perturbé. Il a ce comportement que je déteste tant, celui d’un petit sauvage que les passants aiment regarder avec un air de fausse compassion. Il n’est pas comme ça d’ordinaire.
Que faire ? Arrêter de voyager ? Rester confiner entre les quatre murs de notre maison ? Même si cela me demande de l’énergie, je continue de tenter ma chance.
Au fil des années, je ne vois pas de progrès, je dirais même que cela ne fait qu’empirer.
A chaque voyage, c’est la même chanson. Il a peur de se retrouver dans un endroit clos qu’il ne connaît pas, que ce soit un restaurant, un bar, un musée ou un cinéma. Il rechigne à avancer et se met à hurler, à pleurer.
L’autre soir, j’entends un enfant dire à son père : « papa, papa, je le connais ce garçon, il est dans mon groupe et tu sais papa, il n’arrête pas de crier ! » Il n’a pas tort et pourtant, cela me fait mal. Je n’ai pas trouvé les mots pour parler à ce petit garçon, j’ai souris, je suis partie.
Simon est Simon, je ne le changerai pas. Je peux juste essayer d’adoucir ses angoisses au quotidien. Je ne vais pas en vouloir à mon fils d’exprimer son mal être…
Je persévère, j’espère toujours que nos efforts se verront un jour récompensés.
Ah, plus de bruit, je pense qu’ils se sont endormis !
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