jeudi 8 avril 2010

Pour toi, grande soeur...

Ce soir, nous sommes en famille. Au moment du départ, ma soeur me fait remarquer que jamais je n'ai parlé d'elle. C'est vrai. Je n'y avais pas encore songé car l'amour que je lui porte me paraît tellement évident.

On n'oublie souvent, à tort, de remercier les gens qui nous sont chers. On n'oublie de leur dire l'importance de leur existence. Pourquoi le fait-on uniquement post mortem? Y aurait-il une contre indication à le faire de notre vivant.

Cinzia est de 5 ans mon aînée. Elle a toujours veillé sur moi, plaidant ma cause auprès des parents, cherchant des solutions à mes problèmes.

Même si enfants, nous étions comme chien et chat, à l'adolescence, nos rapports s'adoucissent. C'est ma soeur, ma meilleure amie. Cela ne veut pas dire que nos modes de pensée sont identiques. Mais l'addition de nos différences fait notre richesse.

Lorsqu'elle m'annonce qu'elle va se marier, je suis en colère. Tout se passe tellement vite. Je ne connais pas encore son autre et je le déteste déjà. Il va me la voler. Elle va partir faire sa vie avec lui, elle aura des enfants et elle m'oubliera, c'est une évidence.

Je me souviens de ces longs moments où, après son départ de la maison, ma mère et moi, nous nous cachions dans sa chambre pour pleurer, comme si elle n'était plus de ce monde.

J'ai un comportement égoïste et capricieux, je ne pense qu'à mon bien-être mais quant est-il de son bonheur?

A y repenser, c'est absurde, je le sais. A chacun de mes grands pas, elle a toujours été présente. On est liées par les liens du sang, à la vie, à la mort!

Lorsque j'apprends que je vais être maman, la question ne se pose pas, ce sera "elle" la marraine, je ne veux personne d'autre pour mon prince. Elle accepte sa mission, l'annonce de la trisomie n'y changera rien. C'est un petit être qui a besoin d'amour et elle en a énormément à donner. C'est un don, une deuxième nature, elle est faite pour materner.

L'accouchement a lieu sur son lieu de travail, ce qui facilite ses visites. Elle est présente chaque jour, profitant des moments les plus calmes pour nous tenir compagnie et profiter de son filleul.

Je n'ai pas besoin de psychologue pour extérioriser et verbaliser mes pensées. Là encore, elle est là, elle m'écoute, me réconforte et sèche mes larmes.

A la sortie de la maternité, elle vient me voir régulièrement. Je pleure énormément, je pense que ma vie est gâchée, que mon destin devait être tout autre. Elle ne s'apitoie pas sur mon sort, que du contraire. Elle n'hésite pas à me dire tout haut ce qu'elle pense tout bas. Elle ne fait jamais dans la demi mesure. Et même si, par fierté, je n'ose le lui avouer, elle n'a que très rarement tort.

Simon n' a que quelques semaines lorsqu'elle me propose de partir en Alsace. Quelques jours de vacances pour enfin se détendre et faire connaissance avec Simon, notre fils et non Simon, le trisomique.

Malgré le chagrin, la fatigue et la peur de voyager avec un nourrisson, l'idée nous séduit et nous partons tous ensemble.

Je garde un souvenir mémorable de ces premières vacances avec Simon. Je fais mes premiers faux pas de maman. J'angoisse à l'idée qu'il ne finisse pas ses biberons, qu'il pleure, qu'il ne dorme pas assez, qu'il ait chaud, qu'il ait froid. Et comme toujours, elle est là. Sans me juger, elle me guide, elle prend le relais, elle apaise mes angoisses. Elle a ce sang froid que je n'ai pas.

De retour de vacances, nous ne sommes plus simplement les parents de Simon, nous sommes une vraie famille. Petit à petit, notre quotidien devient routine, elle s'éclipse tout en douceur. Les visites s'espacent, la vie reprend son cours.

Bien sûr elle a sa vie, ses enfants, son mari, son travail.
Bien sûr, elle ne peut pas être là à chaque claquement des doigts.
Bien sûr, je sais que malgré cela, toujours elle me réconfortera.

Merci grande soeur...

1 commentaire:

  1. Ceccene c'est Ceccene!!! sa franchise à toujours été une grande qualité chez elle.
    Tu as deux chances,la première d'avoir une famille formidable et la deuxième est d'avoir Ceccene près de toi.En réfléchissant bien tu as du bol ma belle.Un bacio "cu lu scrusciu"

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