Bonjour tout le monde.
Alors, aujourd'hui ce n'est pas Rossana qui vous écrit mais sa soeur, Cinzia. Son autre, sa confidente, sa conscience.
Je vais commencer par le début.
Quand ma soeur et Jean-Philippe annoncent qu'ils vont se marier, se pose la question de l'endroit où ils vont construire leur nid. Ils cherchent, ils ne trouvent pas. Près de chez moi, une jolie petite maison est mise en vente. Je leur en parle, ils la visitent et ont un coup de coeur. Je dois dire que la nouvelle me fait plaisir, je vais enfin avoir ma soeur près de moi, moi qui me suis exilée avec le mariage en Wallonie, loin de ma famille.
Puis quand mûrit l'envie de maternité, ils cherchent un gynécologue à proximité de leur domicile. Là encore, j'interviens et leur donne le nom du mien, dont je suis extrêmement contente. Mes deux grossesses se sont passées à merveille, alors pourquoi ne pas le prendre, lui? Là encore, elle suit mon conseil (je suis de bon conseil en général ;-) ). Quand enfin, elle tombe enceinte, cette grossesse n'est pas vécue de manière sereine. Le gynécologue pointe du doigt la taille et le poids du foetus qui évoluent de manière irrégulière mais il n'a pas l'air inquiet et met ça sur le compte de la fatigue. Elle stresse et mon beau-frère stresse encore plus. Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. Je leur fais la morale, leur dit de profiter pleinement de chaque instant, qu'ils faut profiter au lieu de stresser, qu'ils ne garderont pas un chouette souvenir de cette grossesse. Rien n'y fait, tout au long des neufs mois, elle n'arrête pas de dire "Je sens qu'on va m'annoncer une catastrophe"..... Ils m'exaspèrent mais nous étions tous si loin de ce qui allait suivre.
Je ne vais pas vous raconter comment se sont passés les premiers instants après l'annonce de la trisomie, ça Rossana vous en a déjà parlé. Je vais vous parler de ce que moi j'ai ressenti. Un grand coup de massue, le ciel qui me tombe sur la tête, une peine immense et surtout, surtout un immense sentiment de culpabilité. Et si je l'avais fermée pour une fois. Si je l'avais laisser choisir son gynécologue toute seule, si je m'étais occupée de mes oignons.. peut-être qu'un autre gynécologue aurait poussé plus loins ses investigations et que la trisomie aurait été détectée pendant la grossesse. Auraient-ils pris la décision de le laisser partir? Et si et si... Les questions restent sans réponses.
Je suis impuissante face à leur douleur. Je sens qu'ils veulent rester seuls. Mais je sais que la vie d'une jeune maman est si fatigante. Je leur rends donc visite aussi souvent que possible, je leur donne des conseils avec le nouveau né (je ne peux pas m'en empêcher), je m'en occupe quand je les sens perdus. C'est tout ce que je peux leur offrir. Le deuil de l'enfant attendu, c'est eux qui doivent le faire, tout seuls. A ça, je n'y peux rien.
Le chemin a été long, j'ai essayé de leur donner le soutien dont ils avaient besoin, je leur ai dit parfois des mots qu'ils ne voulaient pas entendre, je les ai parfois bousculés. Pour moi, il n'a jamais été question de considérer Simon comme un enfant "anormal". Il a été pour tout le monde, Simon, un membre de la famille à part entière. Jamais aucun sentiment de pitié, que du contraire, de la fierté. Notre Simon est un battant, il nous prouve tous les jours qu'il ne faut pas baisser les bras. Il excelle dans plusieurs disciplines et même mieux que mes filles. Aujourd'hui il apprend tout doucement à compter, lire et écrire. Il nous donne une grande leçon de vie. Il est aimant, nous donne sans cesse des marques d'affection incroyables. Un peu comme s'il nous remerciait de lui donner sa chance. Mais c'est nous qui te remercions Simon. Merci d'être dans nos vies. On ne l'imagine d'ailleurs même plus sans toi, même si ton avenir est au centre de nos préoccupations. Mais avec tes parents, je ne me fais aucun soucis. Ils batailleront dur, mais ils arriveront à changer les mentalités et à faire en sorte que ta vie soit aussi belle toute ta vie. On t'aime de tout notre coeur et surtout on est très très fiers de toi.
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