J'adore le jeudi. Pas de rééducation, pas de rendez-vous chez l'opticien ni chez un médecin d'ailleurs. Juste les enfants, moi et l'illusion d'une vie ordinaire.
Simon rentre de l'école. Dans le bus, il a chaud, le trajet a été long. Il est vide de toute énergie. Je lui donne directement à boire, un bon jus de fruits. Je m'étonne que rien ne soit prévu. Donner à boire à un enfant qui a chaud et qui reste plus d'une heure dans un bus me semble tellement évident...
En lui donnant son jus, je repense à ce pédiatre qui avait ausculté Simon et qui me récitait fièrement sa théorie sur le régime idéal pour un trisomique. Elle me raconte qu'ils ont tendance à prendre du poids et qu'il serait préférable d'éviter les sucres et bannir les jus de fruits et la grenadine. Je l'ai trouvé trop radicale. Je ne me voyais pas dire à mon fils : "Mon chéri, tu es trisomique, alors pour toi, juste de l'eau, des légumes à la vapeur et de la viande grillée!"
A l'heure du repas, il est sagement assis et mange ses pâtes sans grande conviction. Je m'assoit près de lui, le câline. Il me tend sa fourchette pour que je l'aide. D'ordinaire, je refuse. C'est un grand garçon, il doit manger tout seul. Mais là, à cet instant précis, je veux juste être sa maman et non pas la personne qui le guide sur la route de l'autonomie. Je lui donne à manger sans compter, sans tenter de profiter du moment de complicité pour lui apprendre quelque chose.
La stimulation est indispensable, se sentir aimé et écouté est primordial!
Prendre le temps d'être ensemble, en famille, au calme, regarder la télévision. Prendre le temps de s'échanger un sourire, un câlin. En somme, se détendre et profiter des joies de la vie de famille.
Avant d'être un handicapé, c'est avant tout mon fils. J'ai mis longtemps à accepter cet état de fait. Ce soir, je profite de ces instants de bonheur. Juste une mère avec son fils!
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