jeudi 13 mai 2010

Inès et Simon

Lorsque Simon naît, Inès n'a que deux ans. Elle se soucie peu de l'ambiance lourde qui pèse à la maternité. Elle est contente d'accueillir son cousin. Elle le couvre de baisers, elle aimerait tellement avoir un petit frère.
Nous décidons de ne rien lui expliquer pour le moment, le coeur n'y est pas et on se dit qu'il serait toujours temps quand elle sera un peu plus grande, en âge de comprendre. Inès a une analyse très fine des choses et souvent, sans qu'on s'y attende, elle nous démontre qu'elle a tout compris, seul le vocabulaire manque.
On veut lui parler d'handicap, mais comment expliquer à un si petit enfant ce qu'est un handicap. D'autant que chez son cousin, le handicap n'est pas si évident que ça. Ses traits ne sont pas si marqués, il ressemble à un bébé comme les autres. Sauf que lui, dès la naissance, il a un agenda de ministre: kiné, stimulations en tout genre, attitudes hyper protectrice des parents, surtout de son papa, parrain d'Inès.
A deux ans, elle ne comprend pas pourquoi parrain Jean-Philippe la gronde parce qu'elle fait du bruit et que ça peut réveiller Simon; elle ne comprend pas pourquoi elle ne peut pas toucher certains objets qui appartiennent à Simon, elle ne comprend pas pourquoi Simon est au centre de toutes les attentions. Elle n'est elle-même encore qu'un bébé et elle a aussi envie d'explorer les choses. Nous, ses parents, au début, nous sommes souvent peinés et parfois fâchés de cette attitude.
Mais elle, n'en a jamais tenu rigueur, que du contraire, elle a développé une attitude ultra protectrice vis-à-vis de son cousin.
L'année passée, nous sommes partis ensembles aux sports d'hiver. Les enfants ont passé toutes leurs journées, du matin au soir au baby-club. Inès a huit ans et elle perçoit l'angoisse de sa marraine, Rossana, de lâcher Simon aussi longtemps. Rossana angoisse pour les repas, car Simon a quelques habitudes alimentaires qu'il ne quitte pas.
Nous décidons, Rossana et moi de les espionner pendant le repas. Inès n'est pas à la même table que Simon. Simon ne mange pas. Inès se lève, se dirige vers le GO qui est à la table de son cousin et lui glisse que s'il ne coupe pas la viande de son cousin et que s'il n'y met pas du ketchup, Simon ne mangera pas. Bingo! Elle a donné les codes aux surveillants et Simon est soulagé et mange.
De même à la fin du repas, quand les enfants se lèvent de table pour retourner skier, Inès se précipite dans la file de son cousin et lui enduit les lèvres de beurre de cacao.... Ca c'est Inès. Un petit bout de femme déjà tellement mûr pour son âge. Elle adore son cousin. Et cela ne veut pas dire qu'elle lui laisse passer tous ses caprices!!
Simon aime gagner, peu importe les règles du jeu. Pas avec Inès.... Trisomie ou pas, les règles sont les règles et Simon ne bénéficie d'aucune faveur à ses yeux. Il est un adversaire comme les autres.
Voilà la relation qu'Inès entretient avec Simon, qui j'en suis sûre, continuera encore très très longtemps. Car son cousin, elle l'adore.

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