Cette semaine, Amélie a rapporté de la bibliothèque de l'école un joli livre. Elle est toute contente de me le montrer et est impatiente qu'on lui raconte l'histoire.
"L'Encyclopédie de la sexualité". N'est-elle pas trop jeune? La bibliothécaire s'est sûrement trompée. Pas du tout! Ce livre est destiné au 4-6 ans. J'essaye de ne pas lui montre mon malaise en me disant, dans mon fort intérieur, que papa n'aura qu'à se débrouiller ce soir.
Le soir venu, comme par hasard, c'est moi qui borderai la petite princesse. Elle sourit et attend calmement les explications. Je lui raconte l'histoire, et je vous l'avoue, certains passages ont été lus très rapidement, pour éviter toute confrontation visuelle. On y explique tout, de la conception à l'accouchement. Je lui laisse le livre, elle le parcourt, regarde toutes les images et lui dit que si elle a des questions, elle peut me les poser.
Adieu l'histoire de la cigogne et du choux. Elle a 5 ans et j'aurais tant aimé qu'elle continue à croire encore à ces jolies histoires.
Je me demande alors si je dois raconter ce livre à Simon. Se pose-t-il des questions? Si oui, comment me les exprimera-t-il? Son niveau de langage n'est pas assez subtil.
Simon est très câlin et a encore tendance à faire des bisous sur la bouche. Je ne pense pas que cela ait une connotation sexuelle. Il câline lorsqu'il aime, lorsqu'il veut se faire pardonner ou lorsqu'il a peur. Les câlins sont à Simon ce que l'essence est au moteur d'une voiture. Il en a besoin, c'est vital. Et à la maison, on ne refuse jamais un câlin.
Souvent, il est dit que, les trisomiques n'ont pas de barrière sentimentale. Je n'affirmerais pas cela de Simon. Car même si Simon est très affectueux, il ne l'est pas toujours envers certaines personnes. Simon ne triche pas. Il aime ou il n'aime pas. Il n'y a pas de demi mesure. Et personnellement, je préfère un câlin à un coup de pied. Avant l'arrivée de Simon dans nos vies, je ne me rendais pas compte à quel point notre société est devenue individualiste et triste. On a peur de se faire un bisou ou de se serrer dans les bras. Croyez-moi pour en avoir tester les effets, un câlin peut parfois remplacer bien des médicaments contre la solitude, la dépression et toutes ces nouvelles maladies d'aujourd'hui.
Tout petit, je me souviens que je me suis fort inquietée lorsque pour la première fois, je l'ai vu se frotter dans le salon, devant la télévision. Cela amausait mon mari. Moi, tout au contraire, choquée, je lui demandais de s'assoir et d'arrêter tout de suite. Je le trouvais un peu précoce. J'en ai parlé au pédiatre, qui fort amusé, m'a assuré que tout était "normal" et qu'il fallait lui expliquer que cette attitute faisait partie de son intimité et que pour s'adonner à ce sport, direction sa chambre. C'est bien une histoire d'homme que celle-ci, au papa de se débrouiller.
Je pense qu'avant de rendre le livre à la bibliothèque, je lui lirai l'histoire, il feulletera le livre et je verrai bien si cela l'intrigue ou non...
Je vous raconterai, promis!
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