Comme chaque année, l'école de Simon organise un souper fromage afin de récolter des fonds.
Cette fois-ci, entre ceux qui sont partis en vacances et le départ de Jessica, le coeur n'est pas à la fête. Je n'ai pas envie de m'y rendre, mes pensées sont ailleurs.
Simon ne comprend pas. Il attend cette fête avec impatience. Ils en ont parlé en classe, il a même collé un pictogramme du souper dans son agenda. C'est un rendez-vous que Simon n'a jamais manqué. Je n'ai pas envie de lui faire de la peine et par amour pour lui, je fais un effort, je me surpasse et l'y emmène, promettant de ne pas rentrer trop tard.
Sur place, Simon est heureux de retrouver ses amis. Il salue tout le monde et s'émerveille à chaque regard. Il est fier de présenter son monde à sa soeur.
A peine arrivé, il part danser et s'amuser. Amélie le regarde s'éloigner, elle se sent abandonnée. Et moi, alors? Ce n'est pas grave ma chérie, va le rejoindre.
Amélie grandit et cette année encore, elle observe tous ces enfants qui sont différents. Elle danse avec eux mais dès que son frère s'éloigne, elle n'est plus à l'aise et court me rejoindre. Elle fait la timide. J'ai l'impression qu'elle refuse d'admettre que ces autres enfants sont comme son frère. Je la câline. Avec le temps, elle finira par comprendre.
Il est parmi les siens, il se sent bien, c'est évident. Il n'a pas peur.
Cette année, pourtant, quelque chose a changé. Et ce n'est pas rien. Simon ne s'enfuit plus. Je peux dicuter avec les autres parents sans devoir craindre de perdre Simon à tout moment. Ce petit détail est une grande victoire pour nous.
Au menu, fromage et pain. "Oh, non! Pas romage! Pas vie!" me dira-t-il. Ce n'est pas une surprise, je m'en doutais. Pour ne pas devoir batailler, j'ai préféré anticiper le problème et lui ai préparé des pâtes avant de partir.
Certains me diront que je maintiens Simon dans une forme supplémentaire d'exlusion sociale et qu'un enfant ne se laisse pas mourir de faim. Pour l'instant, peu m'importe. Il en va de la santé de mon enfant. Je préfère qu'il mange les aliments qui lui sont familiers plutôt que rien du tout! Mamma italienne ou pas, je ne suis pas la seule dans le cas.
Il revoit Florence, son ancienne institutrice. Elle gère le bar. Pour la voir, il aime escalader le comptoir et lui commander à boire. La danse, ça donne soif!
Comme promis, nous partons les premiers. Ma place n'est pas là ce soir. Je veux juste rentrer, me coucher, ne plus penser à rien. Essayer d'oublier. Mais on n'oublie pas, on n'efface pas l'histoire. Une âme s'en est envolée, il faut laisser le temps au temps.
Simon, tout comme ses soeurs, ne tarde pas à rejoindre les bras de Morphée, il est épuisé. En le bordant, je l'observe. Il a passé une belle soirée, ses traits sont détendus. Il respire le bonheur. Je ne suis pas mécontente d'avoir fait cet effort pour lui. Son bien-être apaise ma tristesse.
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